Guide Alimentaire 2019 : Santé Canada en Route Vers le Futur

Après des années de consultations et de révisions, la ministre de la Santé Ginette Petitpas-Taylor a enfin dévoilé ce matin la nouvelle mouture du document de santé publique tant attendu. Les fuites parues au début du mois nous avaient préparés aux changements à venir. On dit adieu à l’arc-en-ciel, aux groupes alimentaires « lait et substituts » et « viande et substituts », ainsi qu’au concept de portions. Santé Canada a décidé de miser sur l’image d’une assiette pour traduire ses recommandations nutritionnelles.

C’est simple : la moitié de ce qu’on mange devrait être constitué de légumes et de fruits. Un quart de l’assiette présente les grains entiers (pain, riz, quinoa, pâtes) et l’autre les « aliments protéinés », un nouveau groupe remplaçant ceux qui ont été retirés.

Il comprend des aliments comme des haricots, des pois chiches, du tofu, des lentilles, des noix, du lait, du fromage, du yogourt, du poulet, du poisson, des œufs et de la viande. L’eau est présentée comme la boisson à privilégier. Sur cette page, on sent beaucoup l’influence de l’Assiette Santé de Harvard.

Au-delà de ce qu’on met dans l’assiette, Santé Canada donne également des conseils sur comment manger. À la deuxième page, on énonce des recommandations comme « Prenez conscience de vos habitudes alimentaires », « Cuisinez plus souvent », « Savourez vos aliments » et « Prenez vos repas en bonne compagnie ».

On invite également les consommateurs à utiliser les étiquettes des aliments, à limiter la consommation d’aliments élevés en sodium, en sucres ou en gras saturés et à rester vigilants face au marketing alimentaire. Ici, c’est clairement le Guide alimentaire brésilien qui a servi d’inspiration.

Il y a tellement de modifications que je pourrais vous en parler pendant un an!  Et soyons honnête, je le ferai certainement au fur et à mesure de mes réflexions.

Mais je tenais quand même à vous présenter mon avis « à chaud » du Guide alimentaire canadien 2019, sous forme de quelques bons et moins bons coups qui méritent votre attention.

Ce que j’aime du Guide alimentaire canadien 2019
Il était temps que le concept de portion disparaisse. Nos problèmes de santé publique (maladies du cœur, obésité, diabète et cancer) nécessitent qu’on mange moins et moins transformé.

Recommander un minimum de certains aliments à consommer avait du sens à l’époque où les gens manquaient de vitamines et de minéraux, mais plus aujourd’hui. Ainsi, les portions font plutôt place aux proportions.

Que doit-on manger pour être en santé? Des végétaux! Ça ne pourrait être plus clair! Les légumes et les fruits prennent la moitié de la place et les grains entiers occupent le quart de l’assiette.

Même la catégorie des « aliments protéinés », le dernier quart, recommande de privilégier les sources de protéines végétales. Cette recommandation est totalement cohérente avec la science actuelle.

Que doit-on boire pour être en santé? De l’eau! Point final. Et non, le jus de fruits n’est plus considéré comme un fruit. C’est une boisson sucrée qui doit être limitée, comme les autres. Can I get an Amen up in here?

S’intéresser au comportement alimentaire en invitant les gens à cuisiner et à partager leurs repas en bonne compagnie est une autre excellente idée, car on sait que cela a une influence positive sur la santé, autant mentale que physique.

Les mets cuisinés à la maison avec des aliments frais sont généralement plus nutritifs que ceux cuisinés par l’industrie agroalimentaire. Et le repas devrait être un moment de plaisir et de repos avec des gens qu’on aime.

À une époque où commander son repas en ligne et manger en compagnie de son ordinateur ou de son cellulaire sont des pratiques communes, il s’agit d’un angle important à aborder.

Ce que j’aime moins du Guide alimentaire canadien 2019
Selon les groupes de l’assiette, pour être en santé, on doit manger des fruits, des légumes, des grains entiers et… des protéines?! Les protéines ne sont pas des aliments.

Ce sont des nutriments. Santé Canada a ainsi décidé de classer ensemble plusieurs aliments très différents les uns des autres, en se basant uniquement sur un seul nutriment qu’ils contiennent. Pour ceux qui ont lu mon deuxième livre,

N’avalez pas tout ce qu’on vous dit, vous réalisez probablement qu’il s’agit de nutritionnisme. C’est notre propension à croire que ce sont les nutriments qui sont importants, pas les aliments en entier. Pourtant, entre des haricots et un steak, il y a un monde de différences nutritionnelles.

Je vous l’ai dit plus haut, il faut qu’on mange moins transformé. C’est une grosse problématique de santé publique en nutrition. Or, Santé Canada ne le verbalise pas suffisamment à mon goût dans ces deux pages.

Oui, on dit de cuisiner davantage et de rester vigilant face au marketing alimentaire. C’est un bon début. Cependant, plutôt que de décourager la consommation d’aliments ultra-transformés (comme le Guide brésilien) on dit plutôt de limiter « la consommation d’aliments élevés en sodium, en sucres ou en gras saturés ».

On comprend que ce sont de ces aliments dont ils parlent, mais encore une fois, ils utilisent des nutriments pour l’expliquer, plutôt que d’inclure les types de transformations.

Ainsi, la margarine, des yogourts sucrés à l’aspartame avec des saveurs artificielles et de la crème glacée faible en calories sucrée à l’érythritol et au stévia réussissent à se faufiler hors de cette recommandation, même s’ils sont ultra-transformés et qu’on devrait limiter leur consommation.

À mon avis, cela donnera lieu, dans les prochaines années, à la naissance de nouveaux aliments ultra-transformés qui pourront utiliser une panoplie d’additifs et de transformations pour avoir l’air « beaux » et répondre à cette recommandation.

Un mot pour l’environnement
Au-delà de « l’assiette », Santé Canada a également développé un document de 60 pages qui détaille les lignes directrices en alimentation pour le pays. Je voulais juste parler d’une section qui me fait bien plaisir.

Il y est inscrit, noir sur blanc, que les choix alimentaires peuvent avoir un impact sur l’environnement. Rien de surprenant pour vous, peut-être, sauf que traditionnellement, un Guide alimentaire ne s’intéresse qu’à la santé humaine.

Pas à celle de la planète. Par exemple, aux États-Unis, le lobby de la viande a réussi à faire disparaître cet aspect de leur dernier guide en argumentant qu’il fallait seulement y parler de santé humaine et de nutrition…

C’est un très bon point pour Santé Canada car inclure l’environnement dans ce document gouvernemental, c’est accepter qu’on doive désormais réfléchir de façon plus globale aux recommandations alimentaires.

Donc, on l’aime ou non, ce Guide alimentaire 2019?
OUI ON L’AIME! Vraiment. Santé Canada peut se féliciter du travail accompli. On va se le dire, c’est déjà un MONDE de différences comparativement à la version précédente.

Je trouve que l’outil est beaucoup plus simple à comprendre et qu’il est mieux adapté aux problématiques de santé publique d’aujourd’hui. Il a été développé sans l’apport de l’industrie agroalimentaire, en se basant uniquement sur la science, et ça parait.

Est-ce qu’il est parfait? Non. Je crois que Santé Canada aurait pu aller un peu plus loin, notamment en visant spécifiquement les aliments ultra-transformés dans son outil pour le grand public.

Mais je n’ai pas de crainte que lors de la prochaine révision (qu’on espère être avant 2031), ils auront suffisamment d’arguments scientifiques pour le faire.

Est-ce que ce Guide est révolutionnaire? Est-ce que Santé Canada est un leader en matière de Guide alimentaire? Pas vraiment. On voit que les concepts ont été inspirés d’autres guides sortis dans les dernières années qui, eux, ont révolutionné le genre. Malgré tout, je peux le dire, Santé Canada est enfin en route vers le futur.

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